Dans l’article « Les connaissances de base du textile » je te parlais du tissu dans ses grandes lignes : la laize, le biais, le droit fil, les tissus tissés, les tissus tricotés etc.
Le but étant de t’apporter des bases essentielles en couture : la connaissance des matériaux que tu utilises et de leurs attributs. On continue donc avec cet article où tu vas découvrir les différentes fibres qui composent le tissu. Toujours écrit en collaboration avec Julie Bonnard, créatrice de vêtements dont tu peux découvrir la marque éponyme sur Etsy (ici : CLIC !) pour être le plus complet possible.
Souvent, les créatrices confondent la matière, le procédé de fabrication et le nom du tissu. Par exemple, elles disent : « J’ai fait un t-shirt en Jersey. »
Le jersey désigne un tissu tricoté, mais cela ne nous donne pas la matière exacte de celui-ci. Nous pouvons avoir un t-shirt en jersey de soie, de coton, de polyester, de laine etc.
Chaque matière se travaille différemment, il est donc important que tu connaisses la composition du tissu que tu vas travailler pour l’exploiter et l’entretenir au mieux. Ça te permettra aussi de savoir quoi acheter pour tel projet couture, mais aussi de conseiller au mieux tes clientes sur le choix des matières pour leurs commandes personnalisées.
Il existe deux grandes catégories de fibres : les naturelles et les chimiques.
Dans ces deux catégories il y a plusieurs branches d’où sont issues les fibres.
Dans la catégorie des fibres naturelles tu retrouves les fibres d’origine végétale, animale ou minérale.
Dans la catégorie des fibres chimiques tu retrouves les fibres d’origine artificielle et les fibres d’origine synthétique.
Les fibres naturelles d’origine végétale
Commençons donc par les fibres naturelles d’origine végétale. Elles sont également appelées fibres d’origine cellulosique, car le composant fondamental de ces fibres est la cellulose qui est la matière de base des végétaux.
Il existe un grand nombre de fibres dans cette catégorie.
Nous avons :
- Les fibres naturelles d’origine végétale issues de poils séminaux (graines) comme le coton et le kapok.
- Les fibres naturelles d’origine végétale issues du liber (la tige) de la plante comme c’est le cas : du lin, du chanvre, de la ramie, du jute, du kénaf ou bien du genêt.
- Les fibres naturelles d’origine végétale issues d’enveloppes de fruits comme c’est le cas des fibres issues du coco.
- Mais aussi les fibres naturelles d’origine végétale issues des feuilles comme : l’ananas, le sisal, l’abaca, le raphia.
- Et enfin il existe une fibre issue de la sève du latex.
Comment reconnaitre une fibre végétale ? Si vous n’avez pas l’étiquette de composition du tissu deux solutions d’identification :
- La combustion permet de déterminer l’identité de la fibre. Les fibres végétales brûlent vite, leur combustion est rapide. Une odeur de papier brûlé se dégage du tissu et les résidus sont gris.
- La dissolution, procédé moins abordable à la maison je vous l’accorde, mais il est possible de dissoudre les fibres végétales dans de l’acide sulfurique ou bien de la liqueur de Schweitzer.
Je vais te présenter certaines fibres qui sont connues, ces présentations sont assez succinctes car sur chaque fibre il y a de quoi écrire un livre entier…
Le coton, fibre naturelle végétale issue des poils séminaux
Le coton provient du mot arabe qutun. Il pousse sous forme d’une plante de petite taille ou d’un arbuste et est issu des poils séminaux. Le cotonnier porte des capsules dans lesquelles se trouvent une trentaine de graines. Sur ces graines se trouvent entre 1000 et 10 000 fibres.
Les propriétés :
- Bonne résistance. Il est idéal pour résister aux frottements et est donc employé pour les vêtements de travail, le linge (drap, taie d’oreiller etc.) etc.
- Capacité d’absorption importante, il est donc employé dans les linges de bain comme le tissu éponge, le nid d’abeille etc.
- Pouvoir d’isolation moyenne qui peut être amélioré par grattage (aspect pelucheux) exemple : les sweats à capuche sont souvent en jersey de coton gratté.
Les inconvénients :
- Capacité à garder la chaleur faible
- Froissable facilement
- Pas de coloris brillants
L’utilisation :
- Il est doux et confortable, hypoallergénique, facile à laver, le coton blanc peut être bouilli, il se repasse au fer chaud.
- Mais il a tendance à rétrécir, d’où l’importance de laver le tissu avant de le coudre.
- Il est sensible à l’humidité il faut donc bien stocker les tissus au sec.
De nombreux tissus sont faits à base de coton, on les appelle les cotonnades. Mousseline, jersey, piqué, gabardine, madras, éponge, sergé etc.
Le lin, fibre naturelle végétale issue du liber
Le lin est une plante de la famille des linées, la fibre se trouve dans la tige plus exactement dans le liber. Les fleurs de la plante sont blanches ou bleues.
Les propriétés :
- Fibre végétale forte donc tissu résistant à l’usure.
- Très bonne absorption de l’humidité et rejet rapide de celle-ci, idéale dans les climats chauds.
- Biodégradable et recyclable.
Les inconvénients :
- Pouvoir isolant faible.
- Elasticité faible donc très froissable.
L’utilisation :
- Il est peu salissant et ne peluche pas car sa surface est légèrement lustrée et lisse.
- Il est souvent utilisé en association avec des fibres de coton.
D’ailleurs, tout comme le coton en cas d’humidité prolongée des moisissures peuvent apparaître, attention donc au stockage de vos tissus.
Le lin est utilisé pour fabriquer des tissus comme le coutil employé pour la fabrication des sommiers, matelas et aussi les pantalons. Le lin compose aussi la batiste destinée à la fabrication des robes, tuniques etc.
Les fibres naturelles d’origine animale
Dans les fibres d’origine animale ou dites d’origine protéique, tu as les fibres issues de la tonte comme la laine, les poils de lamas, les poils de chèvre.
Tu as aussi les fibres issues du peignage comme les poils de lapin, de chameau.
Enfin nous avons les fibres issues de sécrétion comme la soie et la soie d’araignée.
Comment reconnaitre une fibre animale ? Comme pour les fibres végétales il existe deux moyens d’identification :
- La combustion qui, cette fois ci, sera lente, l’odeur quant à elle sera celle de la corne brûlée, les résidus sont friables et charbonneux.
- La dissolution se fera cette fois par l’eau de javel à 10 degrés chlorométriques.
La Laine, fibre naturelle animale issue de la tonte
La laine est issue du mouton qui est tondu une fois par an au printemps.
Les propriétés :
- Flexible, élastique, solide et souple. Elle reprend donc sa forme initiale après manipulation (torsions, compressions etc.).
- Bonne isolation thermique du chaud comme du froid.
- Ignifuge, elle s’enflamme à haute température (600°C) et brûle lentement.
- 100% biodégradable.
- Peu salissante.
Les inconvénients :
- mauvaise absorption et évaporation de l’eau.
L’utilisation :
- La laine est utilisée en habillement, accessoire, pour les textiles de maison mais aussi pour des usages industriels comme pour la fabrication des vêtements contre le feu.
De nombreux tissus sont composés de laine en voici une liste non exhaustive : flanelle, oxford, sergé, gabardine, tweed, tartan, pied de poule, jersey etc.
Lors de sa conservation, il faut faire attention aux envahisseurs qui en feront leur dîner avec plaisir, je pense aux mites.
Attention également lors de l’entretien, il ne faut pas laver votre pull en laine à l’eau chaude ou vous risqueriez de le retrouver avec un pull miniature. La laine est aussi sensible aux lessives, préférez donc des lessives spéciales. Lors du séchage, ne tordez pas votre pull pour l’essorer cela casserait les fibres, préférez l’absorption par tamponnage avec une serviette éponge.
La soie, fibre naturelle animale issue de sécrétion
Elle est produite par les papillons Bombyx. Le Bombyx Mori (le bombyx du murier) se nourrit des feuilles de murier. Il s’agit de soie de culture.
La femelle Bombyx pond des œufs avant de mourir. Avant le printemps, les petits œufs qui ressemblent à des petites graines de couleurs bleues/violettes claires puis grises se transforment en petits vers à soie. Le ver à soie vivra de 28 à 38 jours durant lesquels il passera par 5 phases de développement et subira une mue à chaque phase. Après sa 5ème phase, il atteint sa taille maximum et commence à former un cocon pour se transformer en chrysalide. Puis de chrysalide il deviendra papillon.
Pour la production du fil de soie le cycle est interrompu avant que la chrysalide ne devienne papillon. La chrysalide est détruite à l’air chaud. Le cocon est ensuite brossé pour trouver le début du fil, vient ensuite l’étape de la filature. Chaque fil mesure de 400 à 800m et un cocon donne entre 700 à 1200 mètres de fil de soie.
Après avoir récupéré les fils du cocon ceux-ci subissent différents traitements avant de se retrouver dans nos ateliers. (Filé, tordu, teint etc.)
La soie sauvage quant à elle est faite par des chenilles vivant en liberté.
Les propriétés :
- Bonne élasticité, donc infroissable.
- Bonne isolation, chaleur en hiver, fraicheur en été – régule les températures.
- Très résistante.
- Absorbe très bien l’eau donc facilité en teinture.
Les inconvénients :
- Entretien délicat
L’utilisation :
- Elle est utilisée dans les tissus d’habillement, pour les accessoires et le fil à coudre.
Comme dit précédemment l’entretien et le travail de la soie sont délicats. Avant tout lavage, il faut s’assurer que la teinture tient bien (Un petit morceau de soie doit être plongé dans de l’eau froide ou tiède) puis il faut presser un morceau de coton blanc dessus avec un fer chaud. Si un transfert de couleur apparaît alors l’article ne doit pas être lavé.
Il est possible de laver la soie dans de l’eau à 35°C à la main avec un produit doux (savon ou détergeant approprié). Pour enlever le surplus d’eau rouler votre article dans une serviette propre. Ne pas laisser sécher dans des conditions d’humidité mais dans un endroit aéré, loin du soleil et des chaleurs agressives jusqu’à ce qu’il soit légèrement et uniformément humide. Le repassage se fera sur l’envers à température modérée.
Patience, délicatesse et aiguille fine seront requises pour travailler la soie. Vous trouverez des mousselines, de l’organdi, de l’organza, twill, satin, crêpe etc. pour réaliser de nombreuses créations en soie.
Les fibres d’origine minérale
Et pour fini tu as les fibres d’origine minérale ou silicatée. Ces fibres regroupent les produits fibreux qui ne sont ni organiques ni métalliques.
Il s’agit des fibres issues de la roche comme l’amiante ( fibre naturelle d’origine minérale issue de la roche) ou les fils métalliques.
L’amiante est issue de la roche de silicate de calcium et de magnésie, la fibre possède un aspect cotonneux, blanc, soyeux et doux.
Les propriétés :
- Incombustibilité
- Infusibilité
- Mauvaise conductibilité thermique et électrique
- Résistance aux acides
THE inconvénient :
- C’est en 1898 que Lucy Dean, inspectrice du travail a fait les premières découvertes de nocivité de l’amiante. Mais il faudra attendre 1977 pour que celle-ci soit classée cancérogène.
C’est seulement le 1er janvier 1997 qu’elle est interdite à l’usage en France. Mais jusque là, elle avait une grande utilité et la France était un grand producteur d’amiante (200 millions de tonnes en 1975). Elle était employée pour faire des vêtements protecteurs. Plus proche de notre domaine, elle était utilisée pour faire des rideaux de théâtre.
Et voilà, maintenant tu connais, l’essentiel des fibres naturelles et leurs attributs. Dans le prochain article sur le sujet, tu découvriras les fibres chimiques. Utilise ces infos pour bien sélectionner ton tissu en fonction de ton projet !
Personnellement, je ne pensais pas qu’un « bout de tissu » pouvait présenter autant de travail. Je me dis qu’avant l’industrialisation « ça devait être coton ».
Quoi ?
Rooooh oui jeu de mot à 2 balle je sais !
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